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La reconnaissance faciale, puissant outil de contrôle et de répression dans les régimes autoritaires

Cette technologie, en plein essor, est utilisée sans frein dans les pays répressifs, qui en ont fait une arme pour surveiller, cibler et réduire au silence les opposants et les minorités.

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Les manifestants proeuropéens se couvrent le visage pour éviter d'être reconnus par les caméras dotées de la reconnaissance faciale et ainsi éviter les amendes, le 21 mai 2025 à Tbilissi.
INES VERHEYLEWEGHEN POUR « LE MONDE »

Par Simon Leplâtre, Faustine Vincent et Martin Untersinger

Publié hier à 05h30, modifié hier à 17h20

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DécryptageCette technologie, en plein essor, est utilisée sans frein dans les pays répressifs, qui en ont fait une arme pour surveiller, cibler et réduire au silence les opposants et les minorités.

Depuis quelques semaines, les manifestations antigouvernementales en Géorgie ont des airs de carnaval, la liesse en moins. Loup vénitien à paillettes, bandeau noir en dentelle, masque de clown, lunettes géantes en forme de cœur… A Tbilissi, les protestataires rivalisent de créativité pour tenter d’échapper aux caméras à reconnaissance faciale que le régime fait installer massivement depuis le début du mouvement de contestation, en novembre 2024. « On est prudent, il faut éviter d’être identifié par les caméras. Sinon on reçoit une amende de 5 000 laris [1 587 euros] », explique un manifestant anonyme, masque chirurgical et lunettes de soleil sur le nez, malgré la nuit tombée.

Visibles aux abords du Parlement, l’épicentre des protestations, la plupart de ces caméras de haute technologie ont été achetées à l’entreprise chinoise Dahua, sanctionnée par les Etats-Unis, en 2019, pour son implication dans la répression des Ouïgours dans la région chinoise du Xinjiang. Selon le ministère de l’intérieur géorgien, 30 nouvelles caméras ont été installées rien qu’à Tbilissi, officiellement pour remplacer celles endommagées pendant les manifestations et « pour assurer une sécurité efficace des actions de protestation ». Leur multiplication en Géorgie, qui a signé un partenariat stratégique avec la Chine en 2023, inquiète les militants de la société civile. L’Association des jeunes avocats géorgiens (GYLA) dénonce une tactique d’intimidation et de contrôle des manifestants, avec un inquiétant « effet dissuasif » au moment où cette ex-république soviétique du Caucase tourne le dos à l’Union européenne (UE) et s’enfonce dans l’autoritarisme.

Les images captées lors des rassemblements sont souvent les seules preuves utilisées pendant les procès des manifestants, s’alarme GYLA. « C’est leur nouvelle méthode pour effrayer les gens, remarque Tata Tchankvetadze, experte juridique au sein de cette organisation. En zoomant, ces caméras permettent même de lire ce qui est écrit sur une feuille de papier tenue par un manifestant. Les autorités rassemblent beaucoup d’informations sur nous, qu’elles peuvent utiliser comme elles le veulent. »

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